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Et comme je n’oubliais pas que nous étions à Rocroy, je m’arrêtai plus complaisamment à la physionomie du grand Condé qui, au dire de l’Histoire, fut la plus pesante, la plus stupide, la plus héroïque brute de ce siècle de brutes, qui vendit toujours son épée au plus offrant, qui la vendit même à la France… Ô gloire de Chantilly !

En sortant de Rocroy, où, parmi tant de morts, m’étaient revenus tant de souvenirs d’un passé détesté, avec quelle ferveur je me plongeai à nouveau – c’est une image – dans le bain de vos vertus rafraîchissantes et hygiéniques, bons radicaux et radicaux socialistes de notre temps, si paisible et si raffiné !… Avec quelle joie purifiante, avec quelle dévotion consolatrice je me plus à évoquer vos vertueux hauts-de-forme et vos honnêtes habits noirs… à évoquer encore, à évoquer toujours, groupées autour de M. Fallières – c’était alors M. Loubet – dans les appartements enfin aérés, enfin désinfectés de Rambouillet, les élégances de notre Cour contemporaine !… Qu’il me parut rassurant, M. Loubet ! – c’est aujourd’hui M. Fallières, bon gros vigneron de notre terroir méridional. – Qu’elles me parurent charmantes, émouvantes, antiseptiques, vos élégances nouvelles, bons radicaux et radicaux socialistes ! La belle affaire qu’un esprit vil, frivole et chagrin observe, si mal à propos, tout ce qu’elles doivent encore aux parfumeries des salons de coiffure, à la coupe familiale des coupeurs de la Belle-Jardinière !…



La mort de Rocroy a gagné la campagne qui l’environne, comme la gangrène d’un membre gagne le membre voisin… L’impression en est sinistre… On croit