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quelques-uns,… les notables de l’endroit,… et y aller d’une conférence sur le mécanisme…

— Vous savez donc le hollandais ? lui demandai-je…

— Non, monsieur… Mais il y a les gestes… C’est égal… ce sont des types, vous savez !… Et je ne m’y fierais pas…

Oui, mais l’Allemagne ?… Ses douaniers rogues, ses terribles officiers, son impitoyable police ? Les épreuves allaient maintenant commencer. Je regrettai, ah ! combien je regrettai, à ce moment, de n’avoir pas l’âme chimérique de M. Déroulède, pour, d’un geste, rayer à jamais de la carte du monde ce barbare pays !

Nous arrivâmes, venant d’Arnheim, vers quatre heures de l’après-midi, à Elten. Je cherchai longtemps où pouvait bien être la douane… On m’indiqua un petit bâtiment, modeste et familial, que nous eûmes la surprise de trouver vide… Je heurtai les portes et appelai vainement, plusieurs fois… À grand’peine, je finis par découvrir une bonne femme, assise, dans le coin d’une pièce, et qui reprisait pacifiquement des bas… Elle avait de larges lunettes, un visage vénérable et très doux. Elle était sourde. Près d’elle, un chat jaune dormait, roulé en boule sur un vieux coussin… Un pot de terre chantait sur la grille d’un fourneau. J’eus beau inspecter la pièce, pas le moindre appareil de force, nulle part… pas de râtelier avec sa rangée de fusils,… nul casque à pointe,… pas même un portrait de l’Empereur Guillaume, aux murs… Je crus que je m’étais trompé. Avec beaucoup de difficultés, je mis la bonne femme au fait de ce qui m’amenait.

— Oui… oui, fit-elle, en se levant pesamment… c’est bien ici…

Elle posa ses lunettes et son ouvrage sur une table encombrée