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souvent que l’apanage des ignorants et des sots. Elles ne peuvent avoir de l’intelligence avec simplicité. Le talent n’est, chez elles, que l’aggravation de la sottise… Nous avons en France, une femme, une poétesse, qui a des dons merveilleux, une sensibilité abondante et neuve, un jaillissement de source, qui a même un peu de génie… Comme nous serions fiers d’elle !… Comme elle serait émouvante, adorable, si elle pouvait rester une simple femme, et ne point accepter ce rôle burlesque d’idole que lui font jouer tant et de si insupportables petites perruches de salon ! Tenez ! la voici chez elle, toute blanche, toute vaporeuse, orientale, étendue nonchalamment sur des coussins… Des amies, j’allais dire des prêtresses, l’entourent, extasiées de la regarder et de lui parler.

L’une dit, en balançant une fleur à longue tige :

— Vous êtes plus sublime que Lamartine !

— Oh !… oh !… fait la dame, avec de petits cris d’oiseau effarouché… Lamartine !… C’est trop !… C’est trop !

— Plus triste que Vigny !

— Oh ! chérie !… chérie !… Vigny !… Est-ce possible ?

— Plus barbare que Leconte de L’Isle… plus mystérieuse que Mæterlinck !

— Taisez-vous !… Taisez-vous !

— Plus universelle que Hugo !

— Hugo !… Hugo !… Hugo !… Ne dites pas ça !… C’est le ciel !… c’est le ciel !

— Plus divine que Beethoven !…

— Non… non… pas Beethoven… Beethoven !… Ah ! je vais mourir !

Et, presque pâmée, elle passe ses doigts longs, mols, onduleux, dans la chevelure de la prêtresse qui continue ses litanies, éperdue d’adoration.