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LA 628-E8

amoureuse ?… Une affaire ?… Plutôt une intrigue, car ses voyages d’enquête et ses déplacements d’affaires étaient moins mystérieux. Il en parlait. On les connaît presque tous, entre autres ce fameux voyage en Sardaigne, d’où il rapporta ces pyrites, à propos desquelles il rêva une fortune de milliardaire. Son absence durait un an, deux ans. Et puis, un beau soir, sans que personne de son entourage fût prévenu, il reparaissait soudainement. On le revoyait à l’Opéra, avec son habit bleu, sa canne dont il disait – le dindon – que la pomme avait été ciselée dans l’or fondu des bracelets de ses amies… Il semblait reprendre une conversation interrompue la veille, était au courant des moindres potins de salon ou de journal, de tout ce qui s’était passé quand il n’était pas là… De son absence pas un mot. Il affectait de ne rien comprendre aux allusions, d’ailleurs discrètes, qu’on y faisait.

On a prétendu qu’il y avait peu de sincérité et beaucoup de mise en scène, en tout cela ; qu’il aimait à jouer cette comédie pour les autres et pour lui-même ; qu’il en tirait une sorte de mystère, par conséquent, de l’importance. Peut-être bien. Ce qui est certain, c’est qu’il y eut aussi des drames.



De tout ce qui a été écrit sur cet homme extraordinaire, nous n’avons pour ainsi dire qu’une quantité énorme de travaux bibliographiques, et des jugements littéraires, — ce n’est pas ce que je recherche, — mais nous n’avons rien qui soit réellement une biographie.

On ne peut donner comme tels les livres de Gautier et de Gozlan, qui racontent ce qu’ils virent, ne virent sûrement pas grand’chose : de l’extériorité, des gestes