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Dagmar, par instants terrible, épouse d’un butor, mère d’un imbécile ; et sa sœur d’Angleterre, plus douce, plus dame, impeccablement élégante, dont la situation, aux côtés d’un viveur, fut souvent difficile. Elles ont une grâce vraiment impériale, qui ne se dément pas.

— Et la Palatine, si laide !… Elle en fit voir, à tenir tête aux amants de son mari, aux maîtresses et aux jésuites de son beau-frère… Le soufflet qu’elle donna, en plein Versailles, à son fils, quand il accepta d’épouser une bâtarde du Roi, a de l’allure.

— Je crois bien !… Mais cette créole de Joséphine, voluptueuse, bien mieux que jolie, hardie, souvent peuple, qui fut à tout le monde et à Barras, publiquement, en même temps qu’à Bonaparte, avait, pour n’être pas née archiduchesse, autrement d’allure que la fade Marie-Louise… On peut être fagotée, et en avoir… Notre Impératrice est fagotée, Dieu sait !… mais elle n’en a point… Je sais bien que ce n’est pas beaucoup plus qu’une nuance… Et, cependant, c’est une nuance que chacun sent, un air qui n’échappe pas même aux gens les plus simples, et qui les conquiert… Ainsi, voyez, l’an dernier, l’excellente femme a passé quelques semaines au château de K… Pour plaire, sans doute, à son conquérant professionnel de mari, elle s’est mis en tête de conquérir le pays, hobereaux, bourgeois et paysans… ouvriers et pauvresses… Elle faisait des visites, en recevait beaucoup, ne dédaignait pas d’entrer au village, d’adresser, aussi gentiment qu’elle pouvait, la parole aux femmes, aux enfants, aux filles des rues et des champs… Et je vous laisse à penser les secours aux malades, les cadeaux, les friandises !… Eh bien, on ne lui a su gré de son effort que médiocrement… Elle n’a conquis personne… Sur la fin de son