— La pauvre femme en manque, à un point !… Je ne puis pas vous dire. Mais c’est quelque chose qui ne court pas les rues, ni même les palais… quelque chose de très différent de la morgue, quelque chose qui s’accommode parfaitement de simplicité, et que la moindre affectation détruit… une grâce cavalière faite, avant tout, de naturel… Même en dépit de la guillotine, Marie-Antoinette est ridicule, et, surtout, elle est crispante, grinçante, exaspérante… La véritable allure est un air d’autorité qui ne s’oublie jamais, mais une autorité qui ne se laisse voir que si elle ne se montre pas… Il y faut de la grandeur avec de l’aisance, du caractère, une certaine énergie, et le don de trouver toujours des attitudes heureuses, sans jamais les composer… C’est encore comme le laisser aller d’une nature qui sent sa supériorité, et, dédaigneuse de s’incliner devant l’opinion, ne se plie qu’à la conquérir… L’éducation peut y suppléer : elle ne la remplace pas… Ce n’est pas rien de savoir se garder aussi exactement de la platitude que de cette enflure qu’on appelle, chez vous, le cabotinage… L’allure ? Combien de princes en manquent, pendant que des ouvriers l’improvisent !… Tenez, votre ami Stéphane Mallarmé en avait à revendre, dont la dignité charmeresse, indulgente à tous, n’était sévère que pour soi. Notre vieille Augusta, qui vient des ducs de Weimar, en eut à sa façon, cet après-midi de juillet 70, quand, sous les Tilleuls pavoisés, reconduisant le roi Guillaume à la gare de Friedrichstrasse, d’où il allait partir pour la frontière, elle pleurait, abandonnée sur les coussins de la calèche de gala, et dérobait, sous un mouchoir, à la foule qui l’acclamait, les larmes qu’elle ne retenait pas… Les Danoises aussi ont de l’allure, qui furent élevées à Copenhague et à Amelienborg, si simplement : la