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Ici une longue suite de points. Et le dicton reprend :

— Et puis, il n’y a rien… Et puis, il n’y a rien… Et puis, il y a l’officier d’infanterie…

Pour classer les bêtes de la route, par ordre de mérite, je propose le dicton suivant :

— D’abord, il y a l’Oie, la Mère… Et puis, il y a le canard… Et puis, il y a l’âne et le mulet… Et puis, il y a le cochon… Et puis, il n’y a rien. Et puis, il n’y a rien…

Ici une longue suite de points…

— Et puis, il y a la vache… Et puis, il y a le chien. Et puis, il y a le maître du chien…

Encore des points…

— Et puis, il y a la poule… Et puis, il y a le cheval… Et puis, il y a le charretier… Et puis, il n’y a rien…

Encore une très longue suite de points…

— Et puis, il y a le cycliste !



Il y a le cycliste… C’est entendu…

Mais il y a aussi l’automobiliste…

Ayons le courage de le confesser. Peut-être, de toutes les bêtes de la route, est-ce la pire ?

Je le sens par moi-même. Quand, les pieds au sol, et la tête calme, il m’arrive de faire mon examen de conscience, je suis épouvanté d’être, parfois, cette bête-là…

Et pourtant, cher monsieur Bourget, dans la tenue générale de mon existence, je ne suis pas un snob qu’exalte le spectacle de la richesse, ni un méchant qu’offense le spectacle de la misère. Sans pose, sans littérature, sans arrière-pensée d’ambition, puisque je n’en attends aucune place, aucun mandat, aucune décoration, – j’ai grand pitié du malheur humain. Chaque jour, de plus en plus, je m’indigne que, – quelle