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son assurance. Après nous avoir traités de « cochons », pour la forme, il nous avoua :

— C’est curieux… Vous savez que, si elle n’avait pas rougi en me voyant dans la salle… je crois, ma parole, que je ne l’eusse pas reconnue !… Dame, habillée, n’est-ce pas ?… Mais qu’est-ce que ça peut bien être que ces types-là ?… Il faudra que je le demande au portier…



Hymne à la paix et à La Haye.


Je comprends qu’on ait choisi la Hollande et, dans la Hollande, La Haye, pour y installer ce tribunal arbitral qui, un jour, en dépit des plaisanteries et des dénégations pessimistes, se substituera au bon plaisir des Empereurs, des Rois, des Parlements, pour connaître des querelles internationales, leur trouver des solutions qui ne seront plus des massacres, et, enfin, établir la paix, je ne dis pas entre les hommes, mais entre les peuples.

Il est certain que la Hollande et, parmi toutes les villes de Hollande, que La Haye, possèdent un charme, une vertu — pas encore pacifistes, peut-être — mais singulièrement pacifiants. On peut y rêver de choses merveilleuses, on peut y rêver le bonheur universel, comme dans un beau parc, le soir, après dîner…

Cette vertu de la Hollande, ce charme de La Haye, j’en ai subi, bien des fois, les influences sédatives, et d’autres, comme moi, qui étaient plus agités, plus malades que moi, les ont subies également. C’est délicieux. La douceur du sol uni, sa claire et profonde monotonie que rompent et diversifient, à l’infini, l’immense lumière