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à drainer l’or, la même ingéniosité tranquille et tenace qu’à drainer l’eau du polder…

On sait qu’ils furent les premiers navigateurs européens à pénétrer utilement en Chine. Avant tous pourparlers, les Chinois, redoutant en eux des ennemis de leur religion, les obligèrent à marcher, à cracher sur le crucifix, ce qu’ils firent sans la moindre hésitation. Après quoi, rassurés, les Célestes les autorisèrent à pénétrer dans le pays, et à y commercer à leur guise.

Race forte et dure, réaliste et laborieuse, dominée, en toutes choses, par l’intérêt qui ignore le scrupule et éloigne le sentiment. Quoi qu’en pensent certains politiques, elle ne se laissera jamais violenter, absorber par l’Allemagne… La Hollande n’est pas au bout de son histoire.

Le Hollandais est un bon colonisateur. Il a su tirer, de ses magnifiques établissements dans l’Inde, des profits considérables. Mais il a trouvé, là-bas, peu à peu, son maître, dans le Chinois. À Java, le Chinois sourcille de partout, s’infiltre et s’étale partout… C’est une sorte d’eau envahissante, conquérante, que le Hollandais ne peut pas endiguer et qui menace de le submerger…

Un ancien consul, retiré à Arnheim, M. X…, m’a conté cette anecdote caractéristique :

À Canton, – il y a vingt ans de cela – M. X… avait à son service un boy chinois, d’une intelligence, d’une souplesse, d’une fidélité extraordinaires… Valet de chambre, secrétaire, cuisinier, tailleur, bottier, musicien et poète, ce boy était tout… tout ce qu’on voulait…

— Je l’aimais beaucoup, me dit M. X…, et lui, paraissait s’être attaché à moi, pour la vie… Une perle !…

Un jour, le consul fut envoyé à Batavia, chargé par le gouvernement d’une affaire importante. Sachant combien