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d’un esprit très parisien, ni d’un vaudevilliste des boulevards extérieurs.

Je ne sais comment tout cela va finir, comment nous allons pouvoir remonter en voiture, au milieu de cette foule qui semble toujours grossir, grossir, et qui devient plus nerveuse. Je m’en inquiète auprès du patron du restaurant… Il est souriant, empressé, fier de nous recevoir dans son établissement. Il me dit :

— Rien… rien… ne craignez rien… Ils s’amusent… Ils n’en voient pas souvent… ou alors de toutes petites machines de rien du tout… vous comprenez ?… Braves gens… braves gens…

Et, se grattant la tête, il ajoute avec une grimace :

— Tout de même… votre mécanicien ferait bien de retirer ça… oui… enfin… sa peau, là !… Ah ! sa peau !… C’est cette peau, voyez-vous… c’est cette peau…

Il sort, agite sa serviette, dit quelques paroles à la foule, puis, à un moment donné, comme il se trouve tout près de Brossette, il ne peut s’empêcher, lui aussi, avec combien de précautions cérémonieuses et comiques, de toucher cette peau, de palper cette peau… Ah ! cette peau !

Cette curiosité, parfois gênante, ne va plus nous quitter désormais… Elle nous suivra, dans toute la Hollande, sauf à Amsterdam, à La Haye, et elle atteindra son paroxysme à Volendam où, pourtant, les hommes, des colosses à la face de brique, au regard doux, sont coiffés de hauts bonnets de fourrures, comme des Tcherkesses…



Je n’aime plus les vieilles villes, ni les vieux quartiers puants des vieilles villes, ni les vieilles ruelles obscures qui