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religieux, des bannières ecclésiales, des oriflammes, des femmes déguisées en Saintes-Vierges, des enfants, en petits anges frisés… Et je me souviendrai toujours de cet ouvrier, à la gueule farouche, qui marchait devant la foule, portant je ne sais quoi, qui ressemblait à un ostensoir…

La Belgique ne peut pas éliminer le sang espagnol qui coule dans ses veines…



Démocrates de Gand.


Un charmant ami de Mæterlinck, retrouvé à Bruxelles, nous conte cette anecdote :

Gand a chez nous la spécialité des émeutes bizarres. Vous souvenez-vous de celles qui eurent lieu, en Belgique, il y a quelque douze ans ? Le peuple réclamait le suffrage universel. Il voulait, lui aussi, être souverain. Cela lui était venu, tout d’un coup, on ne sait pourquoi. Il avait déjà un Roi constitutionnel et trouvait, sans doute, que cela ne suffisait pas à son bonheur. Il en voulait d’autres, beaucoup d’autres, des rois en habit civil, et il les voulait de son choix… Le peuple, donc, descendit en armes dans la rue et se livra aux vociférations d’usage. Les bourgeois, protégés par les troupes, s’amusèrent à ces spectacles qu’ils croyaient sans danger.

À Gand, les choses semblèrent, durant quelque temps, tourner au tragique. Cris, barricades, rixes sanglantes, coups de revolver, charges de cavalerie, décharges de mousqueterie, rien ne manqua à la fête, pas même les morts. Ordinaire apothéose… Ces escarmouches