Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée

des sacrements de l’Église, il insista avec violence et ne se retira qu’après avoir appelé, sur ma tête de mécréant, toutes les malédictions du ciel et toutes les fureurs de l’enfer.

Partout des processions, des sons de cloche, des cérémonies cultuelles, extravagantes et moyenâgeuses, des églises pleines et chantantes, des décors d’autels dans les chambres privées, des dos courbés, des mains jointes… et des prêtres insolents, paillards et pillards, et de terribles évêques, avec des faces d’Inquisition. Partout, aussi, cette littérature dont l’érotisme mystique s’associe si bien aux ferveurs pieuses et les exalte… Qui n’a pas assisté aux fêtes du Saint-Sang, dans Furne, devenu, ces jours-là, un véritable asile d’aliénés, ne peut concevoir à quels dérèglements, à quelles démences, la religion, ainsi enseignée, peut conduire la pauvre âme des hommes… C’est ce carillonneur de Rodenbach – personnage d’ailleurs historique – qui gravait sur l’airain sonore et bénit de ses cloches les plus monstrueuses obscénités… (Il paraît que ces cloches illustrées, on peut les voir à Bruges, si l’on a quelques hautes références ecclésiastiques…) C’est Philippe II, couvrant son carnet d’imaginations démoniaques, alors qu’entouré de ses évêques, de ses moines, de ses bourreaux, une nonne sur les genoux, il faisait couler le sang et tenailler la chair des hérétiques, dans les chambres de torture…

Les centres ouvriers eux-mêmes, les cités industrielles, où souvent grondent la révolte et l’émeute, n’échappent pas toujours à la contagion. J’ai vu autrefois, à Gand, une grève. Ce n’étaient point des flots de peuple lâchés et battant, avec des clameurs de mer soulevée, les murs de la ville… C’était une procession religieuse qui défilait silencieusement, avec des attributs