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et des oignons. Le vent sifflait sons les tuiles qui manquaient par endroits, et le plancher, par endroits déshourdé, laissait monter les âcres, les pesantes et dangereuses odeurs de la forge. Ce grenier n’était éclairé, à peine, que par une lucarne ronde percée dans la toiture, trop haut pour qu’on pût y atteindre de la main : elle donnait vainement sur les champs. Une fenêtre, ou plutôt une porte pleine sans appui, ni balcon s’ouvrait de l’autre côté, dans le vide, sur la rue. Un escalier aux marches rudes, étroites, branlantes conduisait à ce que Jaulin appelait trop pompeusement « la chambre de la vieille », dont une paillasse sordide, une table boiteuse, un pot ébréché composaient le sommaire mobilier. Les chevrons, avec des clous enfoncés dedans, remplaçaient pour les vêtements, pour le linge, l’armoire et les penderies absentes.

La mère Jaulin devait se lever à tâtons, se coucher dans l’obscurité, car on lui avait sévèrement interdit toute lumière, par crainte du feu. À midi, on lui portait dans une sale écuelle une dégoûtante soupe au lard, dont les chiens n’eussent certainement pas voulu. C’était tout. Ainsi avait été réglé, sans autres complications, le cours de sa vie nouvelle

Un jour qu’elle reprochait à sa bru de la laisser mourir de faim, celle-ci dit :