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s’amorcent à la rue, mais, dégoûtées de leurs impuretés, elles vont se perdre, tout de suite dans les champs.

De vieux bâtiments affaissés, lézardés — étables, écuries, bergeries, dont les murs, sous prétexte de fenêtres, ne sont percés que d’étroites barbacanes, greniers à fourrage entièrement aveugles, en haut desquels, devant une lucarne avancée, une poulie pend, qui grince au vent comme une girouette, maisons sordides, dont les portes charretières s’ouvrent sur des cours où les tas de fumier fument et croupissent dans un bain de purin — longent ces bandes de terre battue, ourlées de chardons, de culs de bouteilles, d’excréments humains que l’administration municipale nomme des trottoirs, et montrent irrévérencieusement leur derrière aux passants. De petites boutiques, la plupart sans devantures ni étalages, quelques habitations bourgeoises, guère plus somptueuses, mais mieux élevées, entre autres, celles du maire M. Théophile Lagniaud, du notaire M. Anselme Joliton, de Mme Irma Pouillaud, veuve d’un riche laitier, montrent leur devant et, rompant la triste et indécente monotonie de ce paysage de pierres accroupies, s’entourent de verdures fanées et d’arbres mal venus qui ne parviennent ni à l’ennoblir ni à l’égayer.

À l’exception de ces bourgeois, ne vivent à