Quelques phrases encore que je passe, quelques renseignements insignifiants que je supprime, et la lettre reprenait ainsi son cours imperturbable :
« L’occasion me vint, plus vite que je l’eusse souhaité, de vérifier, par moi-même, la plupart de ces détails biographiques. Au retour, durant la traversée, ma chienne, — je continue à l’appeler hérétiquement une chienne pour la clarté de ces notes indispensables, — ma chienne donc, trompant la vigilance du boy malais à qui je la confiais durant la nuit, se précipita un matin — il pouvait être trois heures du matin — vers l’arrière-pont où se trouvent les cages à poules et le parc à moutons. On la surprit au moment où, ayant exterminé toutes ces bêtes en un rien de temps, elle achevait de les aligner sur le plancher par espèces et par rangs de taille, l’une contre l’autre, méthodiquement, ainsi qu’on fait sur la pelouse d’un parc pour le gibier abattu, le soir d’une chasse. Le tableau, mon cher ! Ils connaissent le tableau ! Des bêtes ! Ils pratiquent nos plus anciennes, nos plus élégantes habitudes de vénerie. Des sauvages ! Comme c’est troublant, n’est-ce pas ? Et surtout, comme c’est important pour l’histoire des origines de la civilisation ! Le tableau ! Ah ! je ne voulais pas y croire… C’était trop imprévu, je ne voulais pas y croire… J’étais tellement ahuri par cet incident