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cause de sa laine, ajouta-t-il. Je le tenterais bien aussi. Mais nous n’avons que la femelle… Pour le moment, c’est la joie de la maison et la toquade de cette demoiselle… J’avoue que moi-même il m’intéresse, ce gaillard-là… On vous le montrera après le déjeuner…

Le déjeuner fut simple et exquis, comme toujours. Legrel était assez gourmand ; aussi sa femme ne dédaignait pas de surveiller la cuisine, au besoin de mettre aux casseroles sa main experte et savante. Il fut aussi très gai. Jamais, je crois, je n’avais vu Legrel d’aussi belle humeur. Contrairement à ses habitudes, Dingo se tenait fort discrètement aux côtés d’Irène qui, de temps en temps, lui octroyait avec une caresse et une parole gentille de petits morceaux de viande. En outre, notre grand naturaliste semblait ce jour-là vouloir se départir de sa réserve coutumière. Il nous raconta, sur les insectes des particularités curieuses, d’ailleurs très connues.

— Hier, dit-il, j’ai vu une chose admirable… Je ne pense pas qu’on l’ait encore observée… C’est très important, vous allez voir. Je traversais une petite pelouse dans le jardin… Il soufflait de l’Ouest un vent assez violent… Une guêpe s’envola de l’herbe à mes pieds, une guêpe commune, remarquez bien, une Vespa germanica,