Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mais sapristi… c’est ce que j’ai… c’est ce que j’ai…

À chaque plainte de Piscot, prodigieusement étonné, prodigieusement intéressé, le bon docteur contrôlait sur son œil à lui, sur sa tempe, sur son sinus frontal, les dires du malade, et il répétait :

— Mais oui ! mais oui !… c’est ça… c’est ce que j’ai…

Avidement, il interrogea Piscot :

— Et dites-moi… qu’est-ce que vous faites pour ça ?

— Rien…

— Ah !… avez-vous consulté déjà un médecin ?

— Non…

— C’est fâcheux… c’est fâcheux !… Alors, vous ne savez pas ce que vous avez ?

— Non…

— Non ?… Sacristi ? moi non plus, je ne le sais pas… Vous avez ce que j’ai… voilà ce que je sais !

Il réfléchit quelques secondes, puis avec un geste vague :

— Mettez des compresses émollientes sur la partie douloureuse, ordonna-t-il… ça ne peut pas vous faire du mal… Voilà cinq ans que j’en mets, quand j’ai ma crise… Pas de viande, hein ? Et surtout pas d’alcool… Du lait… du lait stérilisé, hein ?…