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lièvre… un gros lièvre d’au moins huit livres… Ah ! mais oui !… Ah ! mais oui !

Il dodeline de la tête et ajoute, pour moi :

— Il passe de tout, n’est-ce pas ?

Montbiron est en rumeur. Des groupes nombreux, agités, stationnent et pérorent dans les rues. Les cafés sont pleins, les boutiques bruyantes. On dirait que c’est jour d’élection ou de première communion, car toutes les fêtes se ressemblent au village. Une marchande de gaufres a eu l’idée ingénieuse d’installer un éventaire à l’entrée de la place de la mairie, où une foule énorme se presse et gronde.

— Les belles gaufres !… Les belles gaufres !

Nous allons jusqu’à la maison du crime, la dernière maison sur la route de Compiègne. Les portes en sont fermées, les volets clos. Un chien aboie dans la cour, derrière ces murs ; des vaches meuglent dans les étables qui longent la rue. Et dans la rue des groupes vont, viennent, regardent en l’air et s’en retournent. Par ce que se disent les promeneurs, j’apprends qu’on a vu Radicet le matin en conférence avec les gendarmes, puis avec le médecin et les juges de Cortoise. Il était à peu près comme tous les jours. Il a dit :

— Pourquoi qu’on l’a laissé entrer ?… Pourquoi qu’on l’a laissé entrer, nom de Dieu !