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mais… il est seul héritier maintenant ?… Hé ! Hé ! ça va faire un beau parti…

— Oh ! vous savez… répond Mme Irma Pouillaud… on exagère… on exagère beaucoup la fortune des Radicet… Et puis, il a aussi des écrouelles… des plaies au bras… des plaies à la jambe… Il n’est pas fort du tout… Je ne sais pas ce qu’ils ont ces enfants à être si malsains…

On se lamente, on s’indigne, on potine, on s’amuse.

Des mères, subitement effarées, font rentrer, à grands coups de poings, leurs fillettes dans la maison…

— Oh ! le monstre !… Il n’aurait qu’à revenir…

Chez Jaulin, on boit ferme et l’on parle haut. On parle de Radicet, naturellement, de la petite Radicet, des crimes en général. On parle surtout de l’orage qui a duré toute la nuit, rempli la mare et couché par terre quelques avoines. Maître Peleux voit une correspondance entre le tonnerre et les crimes. Il appuie cette opinion de météorologie criminelle d’une histoire d’autant plus impressionnante que personne n’y comprend rien.

Justement, c’est un dimanche. L’orage a cessé, le ciel lavé est redevenu clair et beau. Et Montbiron n’est qu’à trois kilomètres de Pontoilles. Si on allait à Montbiron ? Un crime dont on connaît si bien la victime, voilà une aubaine rare pour un