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à coques rouges, son paroissien à la main, déjà prête pour la messe de huit heures, Mme Irma Pouillaud, la belle Irma Pouillaud, est très entourée, car c’est la grande amie de la famille Radicet. Elle donne des détails intimes :

— Oh ! vous savez… Marguerite avait des écrouelles… La pauvre petite… Elle était souvent malade… Je le disais toujours à la mère : « Elle n’est pas faite pour vivre longtemps… » C’est égal… c’est bien triste pour des parents… surtout une mort comme ça !…

M. Théophile Lagniaud, qui va de groupe en groupe, interroge :

— Alors ?… C’est vrai ?… Elle a été violée ?… violée ?… enfin… violée ?… tout à fait ?…

— Bien sûr…

— Tiens !… Tiens !… Tiens !…

— Oh ! vous savez, observe Mme Irma Pouillaud… Ça devait finir comme ça… Les parents ne la surveillaient pas… Toujours partis… toujours à courir les marchés…

Et M. Lagniaud, songeant sans doute à sa fille Thérèse, qui est aux anciennes Ursulines de Cortoise, murmure :

— Mais dites donc… Mais dites donc… son frère ?…

— Le petit Auguste ?

— Oui… le petit Auguste Radicet… Eh bien,