Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

roule une boule lancée sur une pente inégale ; tel autre avançait par brusques saccades, par gestes mécaniques, comme une marionnette. Et des chiennes efflanquées, plus débraillées et abruties que des filles à soldats, allaient se frotter aux mâles, en laissant traîner comme d’ignobles jupons, dans la boue et le fumier, leurs mamelles flasques, taries et lubriques… Population hétérogène, composée d’éléments contradictoires, de mélanges dissociés, s’augmentant chaque jour des produits de ces rencontres hasardeuses qui font les difformités et les monstres, comme au moyen âge ces populations humaines qui grouillaient dans les villages abbatiaux, soumis tour à tour à la domination paillarde, à la terreur violatrice des moines, des routiers, des seigneurs et des évêques.

Ce qui dominait pourtant parmi ces chiens, c’était ce qu’on appelle en Beauce : Les Bas-Rouges.

Admirables animaux, pour la plupart très forts, très sains, très grands, bien pris dans leur justaucorps noir et collant, dont le museau allongé, le coin de l’œil, les pattes sèches et nerveuses, l’écusson du derrière sous la queue coupée s’avivent d’une belle couleur feu.

Et sur la place, devant ma grille, autour des deux pauvres lauriers-roses de Jaulin, cela