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l’association médicale

ne me croyait pas étranger à ses quotidiennes allées et venues, c’est qu’on ne la suivit jamais, la crainte mettant la curiosité en balance. Mais on s’entretenait obstinément devant elle des événements du temps, soit dans l’espoir de lui arracher quelque oracle que j’eusse inspiré, soit pour qu’elle me rapportât les propos entendus.

Aussi quand je lui dis que d’autres soins m’obligeaient à changer nos douces habitudes et à disparaître, elle n’en eut pas de surprise. Une petite fille pouvait-elle dêfourner plus longtemps du monde en révolution la sollicitude d’un dieu ? Mais je passai tout un jour à bercer cette petite chose sanglotante et désespérée ; à lui affirmer que quoiqu’invisible, par un privilège de ma nature je serais toujours près d’elle et qu’elle aurait mission, durant ma courte absence, de faire passer en d’autres cœurs l’amour que je lui avais enseigné.

Cette dernière consolation lui fut particulièrement sensible et je vis dans ses pauvres yeux noyés s’ébaucher une pensée sereine.

(à suivre).