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l’association médicale

l’alarme serait donnée. Des bruissements de vies inquiètes montaient déjà de toute l’île.

Précipitamment je courus, j’escaladai le mur d’enceinte et je sautai dans la rivière. Je suivis le flot, avec de l’eau jusqu’au ventre. À quelques cent mètres de l’île, la Cité finissait et le couvert des pins faisait une ombre dense. Là seulement, j’osai prendre pied, et tourner la tête.

La ville était parcourue de lucioles dansantes et d’un murmure confus. Je me repris à fuir à travers bois, à travers landes. Une lune rouge et démesurée que l’horizon entamait déjà protégeait ma course de ses derniers rayons. Quand je rencontrais des habitations, des fermes isolées, je ralentissais le pas pour éviter de faire du bruit, de me heurter. Heureusement, presque partout s’ouvraient des sentiers, des passages libres, et, au loin, le phare brillait comme une promesse. Je revis les hautes futaies semblables à des cathédrales, les bruyères géantes ; je trébuchai dans les flaques, je m’enfonçai dans les fondrières ; les branches me frappaient au visage. Je courais comme si le peuple entier des Nains était à mes trousses.

Quand j’arrivai à la petite porte, j’étais en nage.

(À suivre).