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l’association médicale

nuit. Je n’entendais plus le vent tourbillonner. Je ne voyais plus la chandelle de résine aux trois quarts consumée et sur quoi se fermeraient tout à l’heure des paupières de ténèbres. Je ne savais plus qu’il fallait fuir. Je pleurais doucement en berçant mon enfant qui râlait et qui semblait heureuse, pacifiée d’être à moi quand même, plus complètement à moi que les amoureuses ne sont à leurs amants, puisqu’elle me sauvait en s’étant perdue.

Le bruit de sa gorge se tut bientôt et mes lèvres burent un petit souffle sur sa bouche puérile. Ainsi mourut Vana, l’élue de l’impossible amour qui portait à son doigt mon anneau.

— Ah ! murmurai-je en déposant à terre le corps précieux et léger, tu vas avoir un bûcher triomphal, toi qui aimas un dieu !

Dans mon âme, une colère ivre se mêlait au deuil. Vivante, Vana avait été pour moi le visage suppliant de la Pinède. Morte, elle accusait ceux qu’elle avait protégés et les abandonnait aux impulsions de ma terreur. Le sacrifice de la brindille, comme elle l’avait dit, réveillait le Feu.

(La fin au prochain numéro).