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l’association médicale

Et comme à un signal, des injures fusèrent de toutes parts : « Monstres !… Bourreaux !… Tyrans !… »

Alors montèrent des huées discordantes, des cris de colère, des poings levés, des éclats de rire. Je m’étais arrêté. Je tenais mon compagnon à bras-le-corps. Je devait être pourpre de fureur.

— Vous voyez bien, dit Dofre d’une voix faible. Nous sommes perdus… L’heure d’Arrou…

Les Petits Hommes, sentant qu’ils étaient en force, s’encourageaient à insulter leur vieille idole. Tenus en respect par mon ferme maintien, ils n’osaient avancer vers nous, mais faisaient un vacarme diabolique. Et la haine creva soudain comme un nuage de foudre. Ce fut si subit que je crus rêver. Une pierre de fronde vrombit à mon oreille. Une autre et puis une autre… Dofre s’affaissa, le visage en sang.

— Il est mort ! railla une voix sur la branche d’un pin, tout près de moi. Le Dieu, Celui-à-la-barbe-blanche est mort !

Ce fut la dernière parole qui me parvint. Je sentis à mon front comme un violent coup de fouet et je perdis les sens.

(À suivre).