Page:Observations sur Le festin de pierre.djvu/77

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Il falloit, pour vous couvrir plus adroitement, exagerer, s’il se pouvoit, par un beau discours, la delicatesse et la grandeur de son esprit, le faire passer pour l’Acteur le plus achevé qui eust jamais paru ; et comme cet Eloge nous auroit persuadés que vous preniez plaisir de decouvrir à tout le monde ses perfections et ses qualitez, nous aurions eu plus de disposition à vous croire, lorsque vous auriez dit qu’il estoit impie et libertin, et que ce n’estoit que par contrainte et pour decharger vostre conscience que vous le repreniez de ses defauts.

Je vous aurois mesme conseillé de le blasmer fort d’avoir fait crier mes gages, mes gages, à ce Valet ; on auroit inferé de là que vous aviez l’ame si tendre que vous n’aviez pu souffrir sans compassion que son Maistre, qu’on traisnoit je ne sçay où, fust chargé, outre tant d’abominations, d’une debte qui pouvoit elle seule le priver de la presence beatifique, jusques à ce que ses heritiers l’en eussent délivré. Ce sentiment estoit d’un homme de bien ; vous en auriez esté tout à fait loué, et pour edifier encore mieux vos lecteurs, vous pouviez faire une invective contre ce Valet en luy montrant quelle estoit son inhumanité de regretter plustost son argent que son Maistre.

Vous auriez bien eu meilleure grace de blasmer un sentiment criminel, et des lasches transports que vos oreilles avoient entendus, que l’lmpieté de ce Fils que vous connoissiez pour imaginaire et chimerique.

Voilà l’endroit de la Piece où vous pouviez vous estendre le plus ; car vous m’avouërez,