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que chacun sçait que le Theatre n’a point esté destiné pour expliquer la sainteté de nos Mysteres, et l’importance de nostre salut, ces sages Reformateurs si fort zelez pour nostre Foy, n’ont-ils pas mauvaise grâce de blasmer la Comedie, parce que les meschans la peuvent voir sans changer d’inclination, et ne devroient-ils point se contenter que les vertueux n’y prennent point de mœurs pernicleuses, et qu’ils en sortent tousjours les mesmes ?

Je le pardonne pourtant à ces conscientieux qui reprennent par un veritable motif de devotion, et quoyque les vers de Monsieur de Moliere n’ayent rien d’approchant de l’impieté, je ne sçaurois m’emporter contre eux, puisqu’ils n’en veulent qu’à ses Ecrits ; mais lorsque je vois le Livre de cet Inconnu, qui sans se soucier du tort qu’il fait à son Prochain, ne songe qu’à s’usurper une reputation d’homme de bien, je vous advouë que je ne sçaurois m’empescher d’eclater, et quoyque je n’ignore pas que l’innocence se deffend assez d’elle-mesme, je ne puis que je ne blasme une insulte si condamnable et si mal fondée.

Il pretend que Monsieur de Moliere est un scélérat achevé, parce qu’il a feint des impietez. N’est-ce pas là une preuve bien convaincante, et quoyqu’il sçache bien que de quelque nature que soient les crimes que nous avous commis, nous devons toujours avoir de la confiance à la misericorde de Dieu, et par consequent ne desesperer jamais de nostre salut, il soustient qu’il n’entrera jamais dans le Paradis, parce qu’il a supposé des sacrileges et des abominations dans son Festin de Pierre.