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cette Comerdie auroit esté bien mieux conduite, s’il n’y avoit paru pour tous personnages qu’un Pere qui eust fait des leçons à son Fils, et qui eust invoqué la colere de Dieu pour l'exterminer lorsqu’il le trouvoit sourd aux bonnes inspirations.

Nostre Autheur trouve que la morale en auroit esté bien plus belle, et les sentimens plus Chrestiens, si ce jeune eventé se fust retiré de ses debauches, et qu'il eust esté touché de ce que Dieu luy disoit par la bouche de son Pere ; et si on luy monstre qu‘il est de l'Essence de la Piece que le Foudre ecrase quelqu‘un, et que par consequent il nous faut supposer un homme d’une vie dereglée, et qui soit tousjours insensible aux bons mouvemens, luy dont les soins ne butent qu’à la conversion universelle, nous repliquera sans doute que l’exemple n’en auroit esté que plus touchant, si malgré cet amendement de vie, il n’avoit pas laissé de recevoir le chastiment de ses anciennes impudicitez. Helas! où en serions-nous, si les convictions et les penitences ne pouvaient desarmer la main de Dieu, et que ce fust pour nous une necessité indispensable d’en venir à la punition au sortir de l'offense! Mais pourquoy Dieu nous aurait-il fait une Loy de pardonner à nos ennemis, s’il n'avoit voulu luy-mesme la suivre ? Et puisqu’il nous a dit qu’il voudroit que tout le monde fust heureux, ne se contrarieroit-il point en nous laissant une pente si naturelle pour le mal, s’il ne nous reservoit une misericorde plus grande que nostre esprit n’est faible et Ieger? Nous devons croire qu’il est juste et non vindi-