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l’ennemie et la rivale de la Vertu. Ils pretendent qu’elle soit incompatible avec les plaisirs les plus innocens : et ainsi de cette familiere Deesse, qui s’accommode avec les gens de tous mestiers et de tous aages, ils en ont fait la plus austere et la plus jalouse de toutes les Divinités.

L’Autheur à qui je responds, est un de ces sages Reformateurs ; mais comme il est encore apprentif dans le mestier, il n’oze pas condamner ouvertement ce que nos Predecesseurs ont tousjours permis ; il s’est contenté de nous faire la guerre en renard, et lorsqu’il a voulu nous monstrer que la Comedie en general estoit un divertissement que les gens de bien n’approuvoient point, il en a pris une en particulier, où son addresse a supposé mille impietez pour couvrir le dessein qu’il a de detruire toutes les autres. On a beau luy dire que puisqu’il ne doit pas respondre de la candeur publique, il devroit laisser à nos Evesques et à nos Prelats le soin de sanctifier nos mœurs, il soutient que c’est le devoir d’un Chrestien de corriger tous ceux qui manquent, et sans considerer qu’il n’est pas plus blasmable de souffrir les impietez qu’on pourrait empescher, que d’ambitionner à passer pour le Reformateur de la vie humaine, il vient de composer un Livre, où il se declare le plus ferme appuy et le meilleur soustien de le Vertu ; mais ne m’avoüera-t-on point qu’il s’y prend bien mal, pour nous persuader que la veritable devotion le fait agir, lorsqu’il traite Monsieur Moliere de Démon incarné, parce qu’il a fait des Pieces gallantes, et qu’il n’em-