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parts ; mais que les gens de bien les regardent comme des Prodiges, et s'y arrestent comme aux Eclypses et aux Comettes. Ce raisonnement se detruit assez de soy-mesme, et l’on voit bien que c’est chercher de fausses couleurs pour deguiser la Verité. Moliere n’a fait que deux Pieces que les Tartuffes reprennent, dont l'une n'a pas esté jouée. Cependant nous avons egalement veu du Monde à douze ou treize de ses Pieces ; il faut bien que le merite l’y attire, et l'on doit estre persuadé que toute la France a plus de lumieres que l'Autheur des Observations du Festin de Pierre. Si l’on regardoit ses Pieces comme des Eclypses et des Comettes, on n’iroit pas si souvent ; il y a longtemps que l’on ne court plus aux Eclypses, on se lasse mesme des Comettes quand elles paroissent trop souvent. L'experience en fait foy, nous en avons depuis peu veu deux de suite à Paris ; et bien que la derniere fust plus considerable que l'autre, elle n'a trouvé parmy la grande foule du Peuple que fort peu de gens qui se soient voulu donner la peine de la regarder. Il n‘en est pas arrivé de mesme des Pieces de Moliere, puisque l‘on les a toutes esté voir avec le mesme empressement.

J'oubliois qu‘il rapporte quelques exemples des anciens Comediens mais il n’estale pas leurs Ouvrages comme il fait ceux de Moliere. Sa malice est affectée, et il semble à l’entendre dire qu’ils n’ayent esté condamnez que pour des bagatelles ; cependant, s’il faisoit une peinture de leurs crimes, vous verriez que les Empereurs les ont punis de mesme que le Roy a recom-