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ces deux personnes auront à peine commencé d’agir, que l’on dira d’abord : Voilà un veritable Devot, voilà un Hypocrite. Il est impossible de s’y tromper, et si je ne craignois d’estre trop long et de vous ennuyer par des raisons que vous devez mieux sçavoir que moy, je parlerois encore longtemps sur cette matiere. Je vous diray pourtant avant de la quitter, que les veritables Devots ne sont point composez, que leurs manieres ne sont point affectées, que leurs grimaces et leurs demarches ne sont point estudiées, que leur voix n’est point contrefaite, et que ne voulant point tromper, ils n’affectent point de faire paroistre que leurs mortifications les ont abattus. Comme leur conscience est nette, ils en ont une joie interieure qui se respand jusques sur leur visage. S’ils font des austeritez, ils ne les publient pas, ils ne chantent point des injures à leur Prochain pour le convertir, ils ne le reprennent qu’avec douceur et ne le perdent point dans l’esprit de tout le monde. C’est une maniere d’agir dont les Tartuffes ne se peuvent deffaire et qui passe pour un des plus grands crimes que l’on puisse commettre, puisqu’il est malaisé de rendre la reputation à ceux à qui on l’a une fois fait perdre, encore que ce soit injustement.

Comme la foule est grande aux Pieces de Monsieur de Moliere, et que c’est un temoignage de leur merite, l’Observateur qui voit bien que cela suffit pour le faire condamner, et qui combat autant qu’il peut ce qui nuit à son dessein, dit que la curiosité y attire des gens de toutes