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perdu le jugement, pour ne luy pas donner ce nom, puisque c’est là justement ce qui fait un Athée. J’avoue, sans estre Tartuffe, que ce raisonnenent me fait trembler pour mon Prochain, et je croy que s’il avoit lieu, l’on pourroit compter autant d’Athées qu’il y a d’hommes sur la terre. Nous ne devons pas laisser de louer ce Critique, il reussit bien dans ce qu’il entreprend et soustient parfaitement le caractere des faux Devots, dont il deffend la cause. Ils sont accoustumez à crier et à faire du bruit. Ils grossissent hardiment les choses qui sont de peu de consequence et forgent des monstres afin de faire peur et d’empescher que l’on entreprenne de les combattre.

Sçavez-vous bien, Monsieur, où tout ce beau raisonnement sur l’Athéisme aboutit ? À une satyre du Tartuffe. L’Observateur n’avoit garde d’y manquer, puisque ses Remarques ne sont faites qu’à ce dessein. Comme il sçalt que tout le monde est desabusé, il a apprehendé qu’on ne le joüast, et c’est ce qui luy a fait mettre la main à la plume. Puisqu’il m’a donné occasion de parler de Tartuffe, vous ne serez peut-estre pas fasché que je dise deux mots en sa deffense et que je combatte tout ce que les faux Devots ont dit contre cette piece. Ils ont parlé sans sçavoir ce qu’ils disaient, ils ont crié sans sçavoir contre quoy ils criaient. Ils se sont etourdis eux-mesmes du bruit qu’ils ont fait, et ils ont eu tant de peur de se voir joüez, qu’ils ont publié que l’on attaquoit les vrais Devots, encore que l’on n’en voulust qu’aux Tartuffes. Je veux que ce qu’ils publient soit veritable et que le faux et