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adjouste que la Comédie est quelquefois chez Moliere, une Innocente qui tourne par des equivoques estudiées, l’esprit à de sales pensées. C'est une chose dont on ne peut demeurer d’accord, à moins que d’avoir esté dans la teste de l’Autheur du Festin de Pierre, lorsqu’il a composé les endroits que nostre Censeur condamne ; car autrement personne ne peut assurer que Moliere ait eu cette pensée. Quoy qu’il en soit, on ne le peut accuser que d'avoir pensé, ce qui n'est aucunement permis, et ce qu’on ne peut, sans injustice, puisque c’est asseurer une chose que l'on ne sçait pas. Si ce Commentateur voyoit que l'endroit dont il parle pust tourner l’esprit à de sales pensées, il le devoit passer sous silence, et n‘en devoit point advertir tout le Monde, pour n'y pas faire songer ceux qui n’y pensoient point. Ce zele est indiscret, et ce Commentaire est plus meschant que la Comedie, puisque le mal est dedans, et qu'il n’est pas dans la Piece.

Après avoir parlé de la Paysanne, des equivoques qui tournent l'esprit à de sales pensées, et d'autres choses de cette nature, le Deffenseur des Tartuffes tasche à prouver par tout cela que Moliere est un Athée. Voyez un peu quel heureux raisonnement ! Quel zele, et quelle profondeur d’esprit ! Ah ! que cet Observateur sçait bien marquer les endroits qui font connoistre les Athées ! Il n’est rien de plus juste que ce qu’il avance. Quoy, Moliere formera des coquettes ? Quoy, il mettra des equivoques qui tournent l’esprit à de sales pensées, et l’on ne l’appellera pas Athée ? Il faudroit bien avoir