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pourveu qu’il soit puny ; il attaque encore la Vertu. Tout le choque, tout luy desplaist, tout est criminel auprès de luy. Je croy bien que cette pauvre Amante n’a pas esté exempte du pesché ; mais qui en a est exempt ? Tous les hommes ne retombent-ils pas tous les jours dans la pluspart de leurs fautes ? Tout cela n’adoucit point la severité de nostre Censeur ; comme il attaque Moliere dans tous les Personnages de sa Piece, il ne veut pardonner à aucun ; il leur demande des choses impossibles, et voudroit que cette pauvre Fille fust aussi innocente que le jour qu’elle vint au Monde. Je croy toutefois qu’il y trouveroit encore quelque chose à redire, puisqu’il condamne la Paysanne. Il ne peut pas mesme souffrir ses reverences. Cependant cette Paysanne, pour estre simple et civile, ne se laisse point surprendre. Elle se deffend fortement et dit à Dom Juan, qu’il faut se defier des beaux Monsieux. On l’accuse neanmoins, bien qu’elle soit innocente, pour ce que c’est Moliere qui l’a fait paroistre sur la Scene, et l’on n’en a pas autrefois condamné d’autres qui, dans le mesme Festin de Pierre, ont ou de force ou de gré, pendant le cours de la Piece, perdu si visiblement leur honneur, qu’il est impossible à l’auditeur d’en douter. Jugez après cela, si la passion ne fait point parler contre Moliere, et si on l’attaque par un veritable esprit de Charité, ou pour ce qu’il a fait le Tartuffe.

Ce Critique, peut-estre trop interessé, et dont l’esprit va droit au mal, puisqu’il en trouve dans des choses où il n’y en a point de formel,