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principales regles de la Comedie, est de recompenser la Vertu et de punir le Vice, pour en faire concevoir de l’horreur, et que c’est ce qui rend la Comedie profitable. On peut voir par là que les plus severes souffrent les Vices, puisqu’ils ordonnent de les punir, et que Dom Juan doit estre plustost souffert qu’un autre, puisque son crime est puny avec plus de rigueur et que son exemple peut jetter beaucoup de crainte dans l’esprit de ses semblables. Nostre critique ne nie, toutefois, pas que l’on doit punir le Vice : mais il veut qu’il n’y en ait point. Pour moy, je ne vois pas où doit tomber le chastiment, je prie Dieu que ce ne soit point sur les Hypocrites.

L’Autheur des Observations de la Comedie que je deffends, a cru sans doute qu’il suffiroit, pour nuire à Moliere, de dire beaucoup de choses contre luy, et qu’il devoit indifferemment attaquer tous les Acteurs de sa Piece. C’est dans cette pensée qu’il l’accuse d’habiller la Comedie en Religieuse ; mais qui considerera bien tout ce que dit à Dom Juan cette amante delaissée, ne pourra s’empescber de louer Moliere. Elle se repent de sa faute ; elle fait tout ce qu’elle peut pour obliger Dom Juan à se convertir ; elle ne paroist point sur le Theatre en Pecheresse, mais en Magdelaine penitente. C’est pourquoy l’on ne peut la blasmer, sans monstrer trop d’animosité, et faire voir que de dessein premedité, l’on reprend dans le Festin de Pierre, ce que l’on y doit approuver. Cet Observateur ne se contente pas d’attaquer le Vice, bien qu’on le permette à la Comedie,