Page:Observations sur Le festin de pierre.djvu/56

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tretiens, dit qu’avant que feu Monsieur le Cardinal de Richelieu eust purgé le Theatre, la Comedie estoit coquette et libertine et que Moliere a fait pis, puisque sous le voile de l’hypocrisie il a caché ses obscenitez et ses malices. Quand cela seroit, bien que je n’en demeure pas d’accord avec luy, comme vous verrez par la suite, Moliere n’en doit pas estre blasmé. Si la Comédie, comme il dit, esloit libertine, si elle escoutoit tout indifferemment et disoit de mesme tout ce qui luy venoit à la bouche ; si son air estoit lascif, et ses gestes dissolus, Moliere n’a pas fait pis, puisqu’il a caché ses obscenitez et ses malices, et nostre Critique s’abuse grossierement ou ne dit pas ce ce qu’il veut dire lorsqu’il fait passer le Bien pour le Mal.

L’on est, en verité, bien embarrassé, lorsque l’on veut repondre à des gens qui se meslent de parler de choses qu’ils ne connaissent point. Comme ils ne sçavent pas eux-mesmes ce qu’ils veulent dire, on a de la peine à le deviner, et plus encore à y repondre, puisqu’on ne peut que difficilement repartir à des choses confuses et qui ne signifient rien, n’estant pas dites dans les formes. L’on devroit avant que repondre à ces gens là, leur enseigner ce que c’est que les Ouvrages qu’ils veulent reprendre, et l’on devroit par cette mesme raison, apprendre à l’Autheur de ces Observations, ce que c’est que le Theatre, avant que luy faire aucune replique. À l’entendre parler de Dom Juan, presque dans chaque page de son Livre, il voudroit que l’on ne veist que des Vertueux sur le Theatre. Il fait voir, en parlant ainsi, qu’il ignore qu’une des