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cuser Moliere et qu’il doit confesser que la Passion l’a fait escrire. Il ne peut dire le contraire, sans dementir ses propres ouvrages, et après avoir dit que le Roy fait tant de choses pour la Religion (comme je vous l'ay marqué par les endroits tirez de son Livre, et qui serviront à le condamner), il ne peut plus dire que Moliere est un Athée, puisque le Roy qui ne donne ny relasche, ny treve à l'lmpieté, a reconnu son innocence. Il faut bien, en effet, qu’il ne soit pas coupable, puisqu’on luy permet de jouer sa Piece à la Face du Louvre, dans la maison d’un Prince Chrestien, et à la veuë de tous nos sages Magistrats si zelez pour les interests de Dieu, et sous le Regne du plus Religieux Monarque du Monde. Certes, les amis de Moliere devroyent après cela trembler pour luy, s‘il n'estoit pas innocent ; ces Magistrats si zelez pour les interests de Dieu et ce Religieux Monarque le perdroient sans ressource ou l’aneantiroient bientost, s'il est permis de parler ainsi. Bon Dieu ! que seroit Moliere contre tant de Puissances ? Et qui pourroit luy servir de refuge, s’il n’en trouvoit comme il faut dans son innocence ?

Je ne sçay pas, Monsieur, si je m’en tiendray là, et si après avoir mis la main à la plume, je pourray m’empescher de combattre quelques endroits, dont je croy ne vous avoir pas assez parlé dans ma Lettre. Vous prendrez, si vous voulez, cecy pour une seconde ou pour une continuation de la premiere ; cela m'embarrasse peu et ne m’empesche point de poursuivre.

L’Observateur de la Piece dont je vous en-