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de feu le party des Belles. S’il vouloit blasmer les Inconstans, il falloit qu’il fist la Satyre de tout ce qu’il y a jamais eu de Comedies ; mais comme cet ouvrage eust esté trop long, je croy qu’il a voulu faire payer Dom Juan pour tous les autres.

Pour ce qui regarde l’Athëisme, je ne croy pas que son raisonnement puisse faire impression sur les esprits, puisqu’il n’en fait aucun. Il n’en dit pas deux mots de suite, il ne veut pas que l’on luy en parle, et si l’Autheur luy a fait dire que deux et deux sont quatre, et que quatre et quatre sont huict, ce n’estoit que pour faire reconnoistre qu’il estoit Athée, pour ce qu’il estoit necessaire qu’on le sçeust, à cause du chastiment. Mais à parler de bonne foi, est-ce un raisonnement que deux et deux sont quatre et quatre et quatre sont huit ? Ces paroles prouvent-elles quelque chose, et en peut-on rien inferer, sinon que Dom Juan est Athée ? Il devoit du moins attirer le Foudre par ce peu de paroles ; c’estoit une necessité absoluë, et la moitié de Paris a douté qu’il le meritast. Ce n’est point un conte : c’est une verité manifeste, et connuë de bien des gens. Ce n’est pas que je veuille prendre le party de ceux qui sont dans ce doute, il suffit pour meriter le Foudre, qu’il est Athée, et pour moy je trouve avec bien d’autres, que ce qui fait blasmer Moliere, luy devroit attirer des louanges, et faire remarquer son addresse et son esprit. Il estoit difficile de faire paroistre un Athée sur le Theatre, et de faire connoistre qu’il l’estoit, sans le faire parler. Cependant, comme il ne pouvoit rien dire