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venir à bout de ce qu’il souhaite, il blasme le reste de la Terre, afin d’elever la France. Je n’en dirai pas davantage sur ce sujet, croyant y avoir assez respondu, quand j’ay fait voir que le Festin de Pierre avait esté permis partout où on l’avait joué, et qu’on l’avoit joüé partout.

Ce Critique, après avoir fait le procez à l’Italie, et tous les pays Estrangers, veut aussi faire celuy de Monsieur le Legat ; et comme il n’ignore pas qu’il a ouï lire le Tartuffe, et qu’il ne l’a point regardé d’un œil de faux Devot, il se venge et l’attaque en faisant semblant de ne parler qu’à Moliere. Il dit (par une addresse aussi malicieuse qu’elle est injurieuse, et à la qualité et au caractere de Monsieur le Legat) qu’il semble qu’il ne soit venu en France que pour approuver les Pieces de Moliere. L’on ne peut, en verité, rien dire de plus adroit ; cette pensée est bien tournée et bien delicate ; mais l’on n’en sçauroit remarquer tout l’esprit, que l’on reconnaisse en mesme temps la malice de l’Autheur. Son addresse n’est pas moindre à faire le denombrement de tous les vices du Libertin ; mais je ne croy pas avoir beaucoup de choses à y repondre, quand j’auray dit, après le plus grand Monarque du Monde, qu’il n’est pas récompensé.

Entre les crimes qu’il impute à Dom Juan, il l’accuse d’inconstance. Je ne sçay pas comment on peut lire cet endroit, sans s’empescber de rire ; mais je sçay bien que l’on n’a jamais repris les Inconstans avec tant d’aigreur, et qu’une Maistresse abandonnée ne s’emporteroit pas davantage que cet Observateur qui prend avec tant