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la Religion, il a creu que l’on n’examineroit pas s’il disoit des choses qui ne le regardoient point, et que pourveu qu’elles eussent toutes un mesme pretexte, elles seroient bien reçeuës. Il n’a pas pris garde que sa passion l’a emporté, que son zele est devenu indiscret, et que la Prudence se rencontre rarement dans les ouvrages escrits avec tant de chaleur. Cependant, je m’etonne que dans le dessein qu’il avoit de paroistre, il n’ait pas examiné de plus près ce qu’il a mis au jour, afin que l’on ne luy pust rien reprocher, et qu’il pust voir par là son ambition satisfaite ; car vous n’ignorez pas que c’est le partage de ceux qui font profession ouverte de Devotion.

À quoy songiez-vous, Moliere, quand vous fistes dessein de joüer les Tartuffes ? Si vous n’aviez jamais eu cette pensée, vostre Festin de Pierre ne seroit pas si criminel. Comme on ne chercherait point à vous nuire, l’esprit de vengeance ne feroit point trouver dans vos ouvrages, des choses qui n’y sont pas ; et vos Ennemis, pur une adresse malicieuse, ne feroient point passer des ombres pour des choses reelles, et ne s’attacheroient pas à l’apparence du mal, plus fortement que la veritable Devotion ne voudroit que l’on fist au mal mesme.

Je n’oserois vous decouvrir mes sentiments touchant les louanges que cet Observateur donne au Roy. La matiere est trop delicate, et tous ses beaux raisonnemens ne tendent qu’à faire voir que le Roy a eu tort de ne pas defendre le Festin de Pierre, après avoir fait tant de choses avantageuses pour la Religion. Vous