Page:Observations sur Le festin de pierre.djvu/42

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rien pour empescher que l’on perde la. memoire, et pour l’eslever davantage, elle fait tout ce qu’elle peut pour l’accabler ; mais comme il est inouy de dire que l’on attaque une Personne à cause qu’elle a du merite et que l’on cherche toujours des pretextes specieux pour tascher de l’affoiblir, voyons de quoy s’est servy l’Autheur de ces Observations.

Je ne doute point que vous n’admiriez d’abord son adresse, lorsque vous verrez qu’il couvre du manteau de la Religion tout ce qu’il dit à Moliere. Ce pretexte est grand, il est specieux, il impose beaucoup, il permet de tout dire impunement ; et quand celuy qui s’en sert n’aurait pas raison, il semble qu’il y ait une espece de crime à le combattre. Quelques injures que l’on puisse dire à un Innocent, on craint de le deffendre, lorsque la Religion y est meslée ; l’Imposteur est toujours à couvert sous ce voile, l’Innocent toujours opprimé et la Verité tousjours cachée. L’on n’ose la mettre au jour, de crainte d’estre regardé comme le Deffenseur de ce que la Religion condamne, encore qu’elle n’y prenne point de part, et qu’il soit aisé de juger qu’elle parlerait autrement si elle pouvait parler elle-mesme ; ce qui m’oblige à vous dire mon sentiment, ce que je ne ferois toutefois pas sans scrupule, si l’Autheur de ces Observations avoit parlé avec moins de passion.

Je vous avoue que si ces remarques partaient d’un esprit que la passion fist moins parler, et que si elles estoient aussi justes qu’elle sont bien ecrites, il seroit difficile de trouver un Livre plus achevé ; mais vous connoistrez d’a-