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toit merveilleux. Les Estrangers mesmes en ont esté tres-scandalisez, jusques-là qu’un Ambassadeur ne put s’empescher de dire qu’il y avoit bien de l’lmpieté dans cette Piece. Un Marquis, après avoir embrassé Moliere et l’avoir appelé cent fois l’Inimitable, se tournant vers l’un de ses amis, luy dit qu’il n’avoit jamais veu un plus mauvais Bouffon, ny une Farce plus pitoyable ; et je connus par là que le Marquis jouait quelquefois Moliere, de mesme que Moliere raille quelquefois le Marquis. Il me fasche de ne pouvoir exprimer l’action d’une Dame qui estoit priée par Moliere de lui dire son sentiment : Vostre figure, luy respondit-elle, baisse la teste, et moy je la secoue, voulant dire que ce n’estoit rien qui vaille. Et enfin, sans m’eriger en Casuiste, je ne crois pas faire un jugement temeraire, d’avancer qu’il n’y a point d’homme si peu esclairé des lumieres de la Foy, qui ayant veu cette Piece, ou qui sçachant ce qu’elle contient, puisse soutenir que Moliere dans le dessein de la jouer, soit capable de la participation des Sacremens, qu’il puisse estre reçeu à penitence, sans une reparation publique, ny mesme qu’il soit digne de l’entrée de l’Eglise, après les anathesmes que les Conciles ont fulminez contre les Autheurs de Spectacles impudiques ou sacrileges, que les Peres appellent les Naufrages de l’Innocence et des attentats contre le souveraineté de Dieu.

Nous avons l’obligation aux soins de nostre glorieux et invincible Monarque d’avoir nettoyé ce royaume de la plupart des vices qui ont corrom-