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mes ? Et que peut-on esperer d’un homme qui ne peut estre ramené à son devoir, ny par la consideration d’une Princesse si vertueuse et si puissante, ny par les interests de l’honneur, ny par les motifs de son propre salut.

Certes, Moliere n’est-il pas digne de pitié ou de risée, et n’y a-t-il pas sujet de plaindre son aveuglement ou de rire de sa folie, lorsqu’il dit qu’il luy est tres-fascheux d’estre exposé aux reproches des gens de bien, que cela est capable de luy faire tort dans le monde et qu’il a interest de conserver sa reputation[1] ; puisque la vraye gloire consiste dans la vertu, et qu’il n’y a point d’honneste homme que celuy qui craint Dieu, et qui edifie le Prochain. C’est à tort qu’il se glorifie d’une vaine reputation, et qu’il se flatte d’une fausse estime que les coupables ont pour leurs compagnons et leurs complices. Le Broüaa du Parterre n’est pas toujours une marque de l’approbation des Spectateurs ; l’on rit plustost d’une sottise que d’une bonne chose, et s’il pouvoit penetrer dans le sentiment de tous ceux qui font la foule à ses Pieces, il connoistroit que l’on n’approuve pas toujours ce qui divertit et ce qui fait rire. Je ne vis personne qui eust mine d’honneste homme, sortir satisfait de sa Comedie. La joye s’estoit changée en horreur et en confusion, à la reserve de quelques jeunes estourdis qui crioient tout haut que Moliere avoit raison, que la vie des Peres estoit trop longue pour le bien des Enfants, que ces bonnes gens estoient effroyablement importuns avec leurs remontrances, et que l’endroit du fauteuil es-

  1. L’édition originale porte en marge « En sa Requête ».