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Foudre ! Mais le Foudre est un Foudre en peinture qui n’offense point le Maistre et qui fait rire le Valet, et je ne crois pas qu’il fust à propos, pour l’edification de l’Auditeur, de se gausser du chastiment de tant de crimes, ny qu’il y eust sujet à Sganarelle de railler en voyant son Maistre foudroyé ; puisqu’il estoit complice de ses crimes, et le ministre de ses infames plaisirs.

Moliere devroit rentrer en luy-mesme, et considerer qu’il est tres-dangereux de se jouër à Dieu, que l’impieté ne demeure jamais impunie, et que si elle eschappe quelquefois aux feux de la Terre, elle ne peut esviter ceux du Ciel : qu’un abysme attire un autre abysme, et que les Foudres de la Justice divine ne ressemblent pas à ceux du Theatre, ou pour le moins, s’il a perdu tout respect pour le Ciel (ce que pieusement je ne veux pas croire), il ne doit pas abuser de la bonté d’un grand Prince, ny de la pieté d’une Reyne si religieuse, à qui il est à charge, et dont il fait gloire de choquer les sentimens. L’on sçait qu’il se vante hautement qu’il fera paroistre son Tartuffe d’une façon ou d’autre, et le desplaisir que cette grande Reyne en a tesmoigné n’a pu faire impression sur son esprit, ny mettre de bornes à son insolence. Mais s’il luy restait encore quelque ombre de pudeur, ne luy seroit-il pas fâcheux d’estre en butte à tous les gens de bien, de passer pour un libertin dans l’esprit de tous les Predicateurs, et d’entendre toutes les langues que le Saint-Esprit anime declamer contre luy dans les Chaires, et condamner publiquement ses nouveaux blasphe-