Page:Observations sur Le festin de pierre.djvu/31

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rien ; le Libertin a quelque sentiment de Dieu, mais il n’a point de respect pour ses ordres, ny de crainte pour ses foudres, et le Malicieux raisonne foiblement, et traitte avec bassesse et en ridicule les choses saintes : voila ce qui compose la Piece de Moliere. Le Maistre et le Valet jouent la Divinité differemment : le Maistre attaque avec audace, et le Valet deffend avec foiblesse ; le Maistre se moque du Ciel, et le Valet se rit du foudre qui le rend redoutable ; le Maistre porte son insolence jusqu'au Trône de Dieu, et le Valet donne du nez en terre, et devient camus avec son raisonnement ; le Maistre ne croit rien, et le Valet ne croit que le Moine-Bourru : et Moliere ne peut parer au juste reproche qu’on luy peut faire d’avoir mis la deffense de la Religion dans la bouche d'un Valet impudent, d’avoir exposé la Foy à la risée publique, et donné à tous ses Auditeurs des idées du Libertinage et de l’Atheïsme, sans avoir eu soin d’en effacer les impressions. Et où a-t‘il trouvé qu'il fust permis de mesler les choses saintes avec les profanes, de confondre la creance des Mysteres avec celle du Moine-Bourru, de parler de Dieu en bouffonnant, et de faire une Farce de la Religion? Il devoit pour le moins susciter quelqu'Acteur pour soustenir la cause de Dieu, et deffendre serieusement ses interests ; il falloit reprimer l’insolence du Maistre et du Valet et reparer l'outrage qu’ils faisoient à la Majesté divine ; il falloit establir par de solides raisons les Veritez qu’il discredite par des railleries ; il falloit estouffer les mouvemens d’impieté que son Athée fait naistre dans les esprits : Mais le