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blement, et qui bien loin de donner de la crainte aux hommes, ne pouvoit pas chasser une mouche ny faire peur à une souris. En effet, ce pretendu foudre appreste un nouveau sujet de risée aux spectateurs, et n’est qu’une occasion à Moliere pour braver en dernier ressort la Justice du Ciel, avec une âme de Valet interessée, en criant : Mes gages, mes gages ; car voilà le denouement de la Farce. Ce sont les beaux et genereux mouvemens qui mettent fin à cette galante Piece, et je ne vois pas en tout cela où est l’esprit, puisqu’il avouë luy-meme qu’il n’est rien de plus facile que de se guinder sur des grands sentiments, de dire des injures aux Dieux, et de cracher contre le Ciel.

ll y a quatre sortes d’impies qui combattent la Divinité : les uns declarez qui attaquent hautement la Majesté de Dieu, avec le blasphesme dans la bouche ; les autres cachez qui l’adorent en apparence, et qui le nient dans le fond du cœur ; il y en a qui croyent un Dieu par maniere d’acquit, et qui le faisans ou aveugle ou impuissant, ne le craignent pas ; les derniers enfin, plus dangereux que tous les autres, ne deffendent la Religion que pour la detruire, en en affoiblissant malicieusement les preuves, ou en ravalant adroitement la dignité de ses Mysteres. Ce sont ces quatre sortes d’impietez que Moliere a estalées dans sa Piece, et qu’il a partagées entre le Maistre et le Valet. Le Maistre est Athée et Hypocrite, et le Valet est Libertin et Malicieux. L’Athée se met au-dessus de toutes choses et ne croit point de Dieu ; l’Hypocrite garde les apparences, et au fond il ne croit