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vote, et l’a rendue publiquement impie et sacrilege.

Je sçay que l’on ne tombe pas tout d‘un coup dans l'athéisme : on ne descend que par degrez dans cet abysme ; on n'y va que par une longue suite de vices, et que par un enchaisnement de mauvaises notions qui meinent de l’une à l’autre. L'Impieté qui craint le feu, et qui est condamnee par toutes les Loix, n’a garde d'abord de se rebeller contre Dieu, ny de luy declarer la guerre ; elle a sa prudence et sa politique, ses tours et ses detours, ses commencemens et ses progrez. Tertullien dit que la Chasteté et la Foy ont une alliance très-estroite ensemble, que le Demon attaque ordinairement la pudeur des Vierges avant que de combattre leur Foy, et qu’elles n’abandonnent l’une, qu’après la perte de l’autre. L‘Impie qui est l’organe du Demon, tient les mesmes maximes : il insinuë d’abord quelque proposition libertine, il corrompt les mœurs, et raille ensuite des Mystères ; il tourne en ridicule le Paradis et l’Enfer, il decrie la devotion sous le nom d’ypocrisie, il prend Dieu à partie, et fait gloire de son impieté à la veuë de tout un peuple.

C’est par ces degrez que Moliere a fait monter l’Atheïsme sur le Theatre, et après avoir respandu dans les ames ces poisons funestes, qui estouffent la pudeur et la honte ; après avoir pris soin de former des coquettes, et de donner aux filles des instructions dangereuses ; après des Escoles fameuses d’impureté, il en a tenu d’autres pour le libertinage, et il marque visiblement dans toutes ses Pieces le caractere de