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liere tasche d’en ruiner la creance dans leurs esprits, par la licence de ses ouvrages.

Certes, il faut avoüer que Moliere est luy-mesme un Tartuffe achevé, et un veritable Hypocrite, et qu’il ressemble à ces Comediens, dont parle Seneque, qui corrompoient de son temps les mœurs sous pretexte de les reformer, et qui sous couleur de reprendre le vice, l’insinuoient adroitement dans les esprits, et ce Philosophe appelle ces sortes de gens des Pestes d’Estat, et les condamne au bannissement et aux supplices. Si le dessein de la Comédie est de corriger les hommes en les divertissant, le dessein de Moliere est de les perdre en les faisant rire ; de mesme que ces serpens dont les piqueures mortelles repandent une fausse joye sur le visage de ceux qui en sont attteints. La naifveté malicieuse de son Agnès a plus corrompu de vierges que les Escrits les plus licentieux ; son Cocu imaginaire est une invention pour en faire de veritables, et plus de femmes se sont débauchées à son Escole, qu’il n’y en eut autrefois de perdues à l’Escole de ce Philosophe qui fut chassé d’Athenes, et qui se vantoit que personne ne sortoit chaste de sa leçon. Ceux qui ont la conduite des âmes, sçavent les desordres que ces Pieces causent dans les consciences, et faut-il s’estonner s’ils animent leur zele, et s’ils attaquent publiquement celuy qui en est l’Autheur, après l’experience de tant de funestes cheutes.

Toute la France a l’obligation à feu Monsieur le Cardinal de Richelieu d’avoir purifié la Comedie, et d’en avoir retranché ce qui pouvoit