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attiré l’indignation de toutes les personnes de piété ; mais qui peut supporter la hardiesse d’un Farceur qui fait plaisanterie de la Religion, qui tient Escole du Libertinage, et qui rend la majesté de Dieu le jouet d’un Maistre et d’un Valet de Theatre, d’un Athée qui s’en rit, et d’un Valet plus impie que son Maistre qui en fait rire les autres.

Cette piece a fait tant de bruit dans Paris, elle a causé un scandale si public et tous les gens de bien en ont ressenty une si juste douleur, que c’est trahir visiblement la cause de Dieu, de se taire dans une occasion où sa Gloire est ouvertement attaquée, où la foy est exposée aux insultes d’un Boufion qui fait commerce de ses Mysteres, et qui en prostitue la sainteté ; où un Athée foudroyé en apparence, foudroye en effet et renverse tous les fondemens de la Religion, à la face du Louvre, dans la maison d’un Prince chrestien, à la veue de tant de sages Magistrats et si zelez pour les interests de Dieu, en derision de tant de bons pasteurs, que l’on fait passer pour des Tartuffes et dont l’on decrie artificieusement la conduite ; mais principalement sous le Regne du plus Grand et du plus Religieux Monarque du Monde. Cependant que ce genereux Prince occupe tous ses soins à maintenir la Religion, Moliere travaille à la destruire ; le Roy abat les Temples de l’Heresie et Moliere esleve des Autels à l’Impieté, et autant que la vertu du Prince s’efforce d’establir dans le cœur de ses sujets le Culte du vray Dieu par l’exemple de ses actions, autant l’humeur libertine de Mo-