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du sentiment des Sages, qui sont seuls capables de distribuer dans le monde la veritable gloire. C’est ce qui fait esperer que Moliere recevra ces observations, d’autant plus volontiers que la passion et l’interest n’y ont point de part. Ce n'est pas un dessein formé de luy nuire, mais un desir de le servir ; on n’en veut pas à sa personne, mais à son Athée ; l’on ne porte point envie à son gain ny à sa reputation ; ce n’est pas un sentiment particulier, c'est celui de tous les gens de bien, et il ne doit pas trouver mauvais que l’on defende publiquement les interests de Dieu, qu’il attaque ouvertement, et qu’un Chrestien tesmoigne de la douleur en voyant le Theatre revolté contre l’Autel, la Farce aux prises avec l’Evangile, un Comédien qui se joue des Mysteres, et qui faict raillerie de ce qu’il y a de plus sainct et de plus sacré dans la Religion.

Il est vray qu’il y a quelque chose de galant dans les ouvrages de Moliere, et je serais bien fasché de lui ravir l’estime qu'il s’est acquise. Il faut tomber d'accord que s’il reussit mal à la Comedie, il a quelque talent pour la farce, et quoyqu‘il n'ait ny les rencontres de Gaultier-Gurguille, ny les impromptus de Turlupin, ny la bravoure du Capitan, ny la naïveté de Jodelet, ny la panse du Gros-Guillaume, ny la science du Docteur ; il ne laisse pas de plaire quelque fois, et de divertir en son genre. Il parle passablement François, il traduit assez bien l’Italien, et ne copie pas mal les Autheurs ; car il ne se pique pas d'avoir le don d’Invention ny le beau Genie de la Poesie, et ses Amis